Parlement de la RDC : Entre vacances de probité morale et poids politique

Lorsque l'on parle de morale en politique, et dans un régime démocratique en particulier, on pense d'abord à l'intégrité des représentants élus du peuple auxquels celui-ci a confié le soin d'exercer en son nom le pouvoir de gouverner. 

Moise ezekele

10 Juin 2024 - 14:39
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Parlement de la RDC : Entre vacances de probité morale et poids politique

En RDC, cette réflexion aurait semblé quitter le cerveau de certains dits "élus du peuple", alors que la probité, l'honnêteté scrupuleuse, le désintéressement aux actes répréhensibles, sont bien le minimum attendu de ceux qui détiennent le pouvoir au nom du peuple.

Le chambre haute du Parlement de la République démocratique du Congo s'apprête à élire et installer les membres de son du bureau définitif.


L'histoire va-t-elle se répéter comme à la chambre basse du parlement, où les députés nationaux étaient à couteau tiré pour se départager ? Les politiques pesaient entre-autres sur la compétence, le savoir-faire et la représentativité équitable des provinces.

En quête de positionnement, les partis et regroupements politiques ainsi que des candidats indépendants se coalisent pour faire une force enfin d'obtenir la majorité des voix et élire les animateurs, une politique du ventre, développait Jean-François Bayart dans son ouvrage L'État en Afrique : la politique du ventre pour désigner une manière d'exercer l'autorité avec un souci exclusif de la satisfaction matérielle d'une minorité.


Comme à l'Assemblée nationale, l'Union sacrée a déjà ses potentiels pions pour le bureau définitif du sénat. Les favoris sont Sama Lukonde, ancien Premier ministre et Augustin Kabuya, l'informateur et bras droit du Président Tshisekedi. En toute exclusivité, les provinces du Kwilu et Sud-Ubangi ne feront pas parti de ce bureau définitif à cause des fraudes massives ayant abouti à l'annulation du scrutin.

Faudra t'elle revoir certaines dispositions pour contraindre les locataires du Parlement à ne réfléchir que "peuple ?" où il serait mieux d'être en prière comme du temps Jonas ? La transhumance, en tant que virus, a contaminé tous les politiciens et a alimenté paradoxalement le processus démocratique à travers le repositionnement des acteurs et la restructuration de l’espace politique, bien que n’induisant pas le renouvellement de la gouvernance. Quoiqu’elle opacifie le processus démocratique et retarde l’institutionnalisation du jeu politique, la transhumance politique est devenue à la fois un mode de survie des élites politiques et de la démocratie.

Entre les poids politiques et la probité morale, le choix est clair. L'affaire reste à suivre et l'avenir nous en dira plus.