Élections 2023 : Mukwege, de la réparation des fistules à la guérison des maux de la RDC ?

Il n’est pas à présenter au grand public. De la République Démocratique du Congo à l’international, la renommée du docteur Denis Mukwege a atteint les extrémités du Monde. Prix Sakharov 2014 et Prix Nobel de la paix 2018, ce médecin de formation et de métier, spécialisé en gynécologie est sans doute le congolais le plus connu et respecté du monde

Mont Carmel

4 Juillet 2022 - 22:46
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Élections 2023 : Mukwege, de la réparation des fistules à la guérison des maux de la RDC ?
Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2019

Depuis plus de 25 ans, Denis Mukwege a fondé et travaille à l’hôpital Panzi de Bukavu, au Sud-Kivu où il se spécialise dans le traitement des femmes qui ont été violées par des rebelles armés.

Avant les élections de 2018 ayant proclamé Félix Tshisekedi vainqueur, les rumeurs sur sa candidature à la présidentielle avaient fait grand bruit. A la surprise générale, Denis Mukwege ne s’est pas présenté privilégiant sa mission holistique, celle de réparer les fistules des femmes victimes de violences sexuelles. Cependant, à 18 mois des élections générales prévues en 2023, le débat refait surface.

En effet, un collectif d’intellectuels congolais constitué de plusieurs professeurs d’universités a, lors de la célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo, le 30 juin dernier, lancé un vibrant appel à Denis Mukwege pour qu’il se présente à la présidentielle de 2023. Ces intellectuels estiment que Mukwege est à ce jour, la seule réponse et l’unique recours à la crise de leadership qui gangrène la RDC et la fait croupir dans la misère.

« Nous, intellectuels congolais engagés et dévoués à la cause de notre pays, vous lançons cet appel solennel pour venir au chevet du grand malade qu’est devenu notre pays, la RDC. L’heure est très grave. La patrie congolaise est à la dérive comme un navire sans capitaine en pleine mer agitée. Il est des circonstances dans l’histoire d’un peuple où le salut d’une grande majorité dépend de la détermination et de la ténacité d’une infime minorité, voire d’un seul individu. Car dans ce cas, la force spirituelle compense la faiblesse du nombre et des moyens. En relisant le testament politique d’un de nos pères fondateurs, Patrice Lumumba, qui s’adressait aux jeunes générations à travers sa lettre à sa chère Pauline depuis sa prison de Thysville, une phrase résonne fort à nos oreilles : ” Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance”. », ont annoncé d’emblée ces intellectuels.

 

Denis Mukwege, présidentiable pour redonner à la RDC sa grandeur

« Le temps est venu de nous mettre debout, de nous mettre en marche pour un Congo nouveau », disent-ils. Ce collectif a la ferme assurance que le temps est venu de donner à la RDC sa grandeur et à son peuple sa dignité afin d’ouvrir une nouvelle page de son histoire.

Pour y parvenir, ces intellectuels réunis en collectif sont confiants que le fondateur de Panzi demeure la seule perspective susceptible d’accompagner la population congolaise à écrire, sa propre histoire, une histoire de justice et de paix, de gloire et de dignité, de travail et de sacrifice,  de solidarité entre les nations et les peuples, dans l’affirmation de son identité nationale et le respect de la souveraineté des peuples.

 

« Il est révolu le temps des complaintes et des lamentations tout comme celui des hésitations, de la peur et de l’indécision. L’heure est très grave. Le temps est venu, enfin, de confier notre destin à des mains expertes, à des âmes éprises de justice et d’humanisme. N’ayons pas peur, le temps est venu pour notre peuple tant meurtri mais mûri de prendre son destin en main sous un leadership éclairé et de défendre son indépendance et sa liberté », ont-ils tambouriné.

 

Mukwege, l’homme qui répare les femmes, docteur miracle pour soigner les maux de la RDC

Le groupe d’intellectuels ont tracé un tableau largement sombre de la situation tant politique, économique, sociale que sécuritaire de la RDC. Ils notent que le règne de l’impunité fait que les agresseurs et leurs complices nationaux se sentent autorisés à commettre chaque jour plus de crimes que dans le passé.

« La République Démocratique du Congo saigne telle une fontaine intarissable. De l’est à l’ouest, du nord au sud, chaque jour qui passe, des populations congolaises sont achevées à la hache, à la machette, à la baïonnette et à la kalachnikov quand ce n’est pas par la faim ou la maladie. Des centaines de milliers de femmes sont violées et détruites, des millions de Congolaises et de Congolais sont des déplacés, réfugiés dans leur propre pays et rien ne semble pouvoir arrêter cette croisade criminelle de certains pays voisins contre notre peuple. Ni les dénonciations, ni les multiples accords et encore moins les manifestations de protestation ne semblent mettre fin au génocide contre notre peuple et au pillage de ses ressources naturelles. Les rares fois que les médias font mention de la tragédie congolaise, la communauté internationale détourne son regard, chouchoutant des criminels qui sont devenus leurs partenaires privilégiés comme pour nous défier », ont-ils déploré.

 

Pour endiguer ces crimes qui endeuillent la RDC sans discontinuer, ces intellectuels disent avoir eu tort de compter sur des autorités qui seraient de mèche avec les agresseurs et qui passeraient leur temps à trouver les moyens de plaire à ces derniers.

 

Le Congo est grand et exige de la grandeur mais le pouvoir actuel n’y arrive pas

C’est l’impression qu’ont ces intellectuels. Ils ont affirmé dans leur déclaration que « le grand Congo défiguré et humilié prête le flanc à des pays sans envergure, au grand dam d’un certain nombre ». D’après leur constat, la RDC est devenue une « jungle » où les agneaux se font égorger par les fauves pour en tirer des dividendes.

 

« Le degré de décrépitude de notre pays a dépassé tout ce que nous pouvions imaginer. Au plan politique, nous avons la désagréable impression que les dirigeants ne sont là que pour piller le pays pour leur propre compte et celui de leurs familles. Au plan sécuritaire, la RDC est une véritable passoire dans laquelle n’importe quel individu, n’importe quel groupe armé ou mafieux, n’importe quel Etat téméraire peut pénétrer et y opérer à sa guise soit pour exploiter nos richesses du sous-sol, soit pour tuer ou pour violer. La population est livrée à elle-même et l’armée qui compte de vaillants combattants est continuellement trahie et dépenaillée à cause de la rapacité et de la corruption des dirigeants politiques et militaires irresponsables qui détournent jusqu’au solde des hommes en arme et parfois revendent le matériel de défense mis à leur disposition », ont encore regretté ces intellectuels.

« Aujourd’hui, le seul mot qui soit à la hauteur de la définition de la situation de notre pays c’est le chaos », ont-ils renchéri.

 

Tout compte fait, ils signent et persistent que la RDC a besoin d’une personne d’envergure internationale, à la carrure d’un Chef d’Etat, à la probité morale reconnue, résolue, ayant une vision de grandeur et de dignité pour notre pays et aimant passionnément les congolais.

« Aujourd’hui, il est incontestablement établi que vous êtes l’homme qu’il nous faut à la fonction de Président de la République Démocratique du Congo. C’est avec vous que nous, Congolaises et Congolais, aimerions retrouver la splendeur de notre pays, rétablir son lustre et son prestige, recouvrer sa souveraineté et sa respectabilité, assurer la paix et une prospérité partagée. Bref rejoindre sa vocation et son destin de grandeur. Vous êtes le meilleur d’entre nous », l’ont-ils encensé d’éloges.

 

Face à ce qu’ils qualifient de manque de vision et de leadership, le tribalisme, le clientélisme, la tentation séparatiste menaçant la nation, ils rassurent le docteur Mukwege du soutien de tous les congolais.

« Notre bien aimé Docteur Mukwege, Prix Nobel de la Paix, Trop c’est trop ! Ecoutez tous ces cris de détresse qui montent depuis nos campagnes, les coins les plus reculés de notre pays, nos écoles et universités, nos villes et bidonvilles ! Levez-vous pour prendre la tête de ce peuple meurtri. Présentez-vous à l’élection présidentielle de 2023 que vous emporterez haut la main, parce que notre peuple qui vous appelle est celui qui vous élira », ont-ils soutenu.

 

Denis Mukwege s’est très vite engagé sur la scène politique congolaise. Il s’est illustré sur le microcosme politique congolais en s’opposant au potentiel troisième mandat de Joseph Kabila et s’est mobilisé pour des élections libres, transparentes et crédibles, avant de plaider pour une transition sans Kabila pendant la crise pré-électorale. Alors qu’il était pressenti candidat, Denis Mukwege a expliqué que « le contexte politique actuel du pays ne permettait pas de tenir des élections libres, crédibles et apaisées ».

Mont Carmel Journaliste formé à l'Institut Facultaire des Sciences de l'Information de la Communication/IFASIC, la première institution en SIC en RDC. Je collecte, traite et diffuse les informations selon les règles de l'art journalistique, sans couleur politique ou tribale. Informer en toute indépendance étant mon seul leitmotiv, je lutte également contre le phénomène de désinformation en vous donnant des contenus sûrs et vérifiables.